Portraits féminins, visages familiers
Un artiste et ses modèles
Ozias Leduc demande régulièrement à ses proches de poser pour ses peintures. Il s’initie à la photographie vers le milieu des années 1890, ce qui permet d’éviter à ses modèles de tenir la pause pendant de longues heures.
Il utilise surtout sa jeune sœur Ozéma comme modèle. On peut la retrouver dans l’œuvre La liseuse, peinture de 1894. Il représente l’adolescente en pleine lecture, un livre ouvert tenu entre ses mains. Le fond sobre et la lumière émanant du visage rappelle Rembrandt. Quant au traitement du sujet, Leduc accorde beaucoup d’importance aux activités intellectuelles comme la lecture, possiblement un rappel de sa propre jeunesse. L’artiste utilisera également Ozéma comme modèle pour la Vierge Marie dans le tableau de L’Assomption de l’église de Saint-Hilaire.
Certains passent aussi des commandes à Leduc, pour garder une trace de leur apparence ou pour la postérité. L'artiste peint non seulement des hommes importants, comme des membres du clergé et des hommes politiques, mais également des connaissances et des amis.
Il réalise ainsi plusieurs portraits de ses proches, dont un de Florence et un second de Fred Bindoff qu'il côtoie pendant les trente-cinq dernières années de sa vie. Florence était réputée pour son élégance et sa grâce, et c’est de cette manière que Leduc la capture.
Bon nombre des portraits féminins sont initiés par Leduc lui-même, d'un style beaucoup plus libre. Il sait donner juste lecture de son époque et de son entourage. Homme habituellement réservé, il nous dévoile à travers ses portraits une certaine intimité.
Ce que je cherche, c’est toute la ressemblance, qui me paraît nécessaire jusqu’à un certain point; mais c’est surtout le caractère, la manière d’être habituelle de mon modèle que je veux fixer. - Ozias Leduc