Église des Saints-Anges de Lachine
Ce thème est, en somme, l’Agneau sans tache, dont le sacrifice effaça les péchés des hommes, glorifié par la multitude d’anges, créatures de Dieu tout-puissant. - Ozias Leduc
Leduc crée pour ce projet d'envergure les tableaux des différents espaces de l’église. On dénombre en tout soixante-douze anges dont la hauteur varie entre 1,50m et 2,15m.
Le thème de l'adoration de l’Agneau Mystique s’inscrit dans la conviction de l’artiste sur l'importance de l’éducation spirituelle par l’art. L'objectif est d'associer la symbolique visuelle aux Anges, saints patrons de l’Église. Il s'appuie notamment sur un extrait de l’Apocalypse de Jean :
Et je regardai et j'entendis une voix d'anges autour du trône. Et leur nombre était des myriades de myriades et des milliers de milliers. Ils disaient d'une voix forte : « Digne est l'Agneau qui a été immolé de recevoir la puissance, et la richesse, et la sagesse, et la force, et l'honneur, et la gloire, et la bénédiction. »
Il accentue ainsi la glorification de Dieu et l’avènement de son règne. À l’exception de l’Agneau mystique placé au centre de la voûte du chœur, toutes les œuvres illustrent des anges : archanges, chérubins, anges portant les instruments de la Passion du Christ, anges aux emblèmes et anges musiciens.
Le rapport entre l’artiste et son art est, en quelque sorte, une spiritualisation de la matière, une image symbolique du monde intérieur s’agitant au fond de l’âme. L’aventure de l’Art t’appelle, recommence la lutte de Jacob avec l’Ange. - Ozias Leduc
Leduc s'entoure d’une équipe composée d’un associé, Fortunat Rho, et d'apprentis, dont Paul-Émile Borduas. L'artiste entreprend ce projet d’envergure en s’assurant de conserver une homogénéité au décor. Il souhaite créer ainsi une harmonie absolue entre les éléments décoratifs et l'architecture.
Borduas occupe une place importante dans la réalisation des tableaux du chœur et de la nef. Pendant que Leduc s’occupe des détails et de la finition, il est en charge d’appliquer les couleurs.
En 1959, le peintre Alphonse l’Espérance est chargé des travaux de nettoyage souhaités par la paroisse. Malheureusement, ceux-ci entraînent la perte d’une grande partie de l’ornementation. L’aspect des anges, la structure des œuvres et la couleur s’en trouvent grandement affectés. Cette restauration adoucit les visages des anges, alors que Leduc les voulait plus sévères. Elle transforme également les couleurs : les demi-teintes et tonalités sobres privilégiées par Leduc sont remplacées par les tons pastel d'aujourd'hui.
De plus, au fils des années plusieurs œuvres ont été retouchées, modifiées, cachées ou surpeintes, ainsi que différents éléments de décoration enlevés ou remplacés. Quoique les sujets sont conservés, la subtilité des oeuvres originales de Leduc a en grande partie été effacée.