La Maison de Paul-Émile Borduas
Paul-Émile Borduas, Église de Saint-Hilaire, c. 1933,
huile sur contreplaqué. Collection Renée Borduas.
Photo MBAM, Brian Merrett.
© Succession Paul-Émile Borduas / SODRAC (2013)
Le premier vrai contact de Borduas avec l’art et la peinture se fait lors de ses visites en famille à l’église de Saint-Hilaire à l’occasion des services religieux. C’est donc dès sa petite enfance qu’il admire la décoration de cette église et les œuvres d’Ozias Leduc. Il avouera que ces moments privilégiés où il peut se laisser aller dans la contemplation des œuvres seront marquants.
Constatant que son fils possède un talent certain pour le dessin, le père de Borduas décide de le présenter à Ozias Leduc. Borduas est donc réellement initié à l’art par celui qui deviendra son mentor, Ozias Leduc, à partir de 1922. Leduc lui enseigne les rudiments de base du dessin, de la peinture et de la décoration d’église. Il a su saisir en peu de temps l’immensité du talent artistique de Borduas et, dès ce moment, lui propose de travailler comme apprenti à Sherbrooke sous sa direction. Durant cette période, il continue son apprentissage du dessin et de la peinture. De plus, Ozias Leduc prend le temps de lui donner des cours d’histoire de l’art.
À l’automne 1923, enrichi de cette expérience marquante et suivant les recommandations de son maître, Borduas s’inscrit à l’École des Beaux-arts de Montréal. Malgré certaines incompatibilités et insatisfactions face à l’enseignement et à la vision académique de cette institution, Borduas effectue un parcours presque sans faute et obtient un diplôme d’enseignant. Peu de temps après, il décroche un poste de professeur à mi-temps dans deux écoles primaires de Montréal. Son enseignement, basé sur une pédagogie non directive et le respect de l’individualité, obtient un grand succès auprès des enfants et des autorités scolaires. Ce premier contact avec les enfants, leur spontanéité et l’expression libre de leurs émotions est une expérience très enrichissante. Pourtant, Borduas démissionne l’année suivante, après avoir perdu une partie de sa charge d’enseignant suite à certains jeux de pouvoir qui lui sont défavorables. Cette épreuve le remplit d’amertume. C’est à ce moment qu’il obtient, avec le soutien d‘Ozias Leduc, une bourse d’étude pour parfaire sa formation aux Ateliers d’art sacré à Paris.
Paul-Émile Borduas écrit à propos d'Ozias Leduc : « Mais, déjà je connaissais sa peinture par cette petite église de Saint-Hilaire qu'il a généreusement décorée et qui court présentement le danger d'être sabotée par de maladroites réparations. De ma naissance à l'âge d'une quinzaine d'années ce furent les seuls tableaux qu'il me fût donné de voir. Vous ne sauriez croire combien je suis fier de cette unique source de poésie picturale à l'époque où les moindres impressions pénètrent au creux de nous-mêmes et orientent à notre insu les assises du sens critique. Comment trahir par la suite ces directives venant on ne sait plus d'où et que dans notre candeur on est près d'attribuer à la providence ? Ce sera étrange pour quelques-uns d'entendre que je sois resté fidèle à l'essentiel de ces premières impressions. J'en suis convaincu, toutes les admirations picturales subséquentes ont dû s'accorder avec elles : qu'on le croie ou non. »
© Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire, 2014.
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