Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire
Musée virtuel du Canada

Au gré des saisons

Synthèse d’un paysage de Saint-Hilaire. Femme à l'avant plan, entourée de champs et avec une montagne à l'arrière-plan.

Paul-Émile Borduas, Synthèse d’un paysage de Saint-Hilaire, 1932,
huile sur toile. Collection particulière.
Photo MBAM, Christine Guest et Brian Merrett.
© Succession Paul-Émile Borduas / SODRAC (2013)
Natif de Saint-Hilaire, Paul-Émile Borduas construit sa maison sur le bord du Richelieu de 1940 à 1942. La maison est d'abord utilisée comme résidence d’été de 1942 à 1945, car les Borduas habitent Montréal. Ils s’y installent de manière permanente en 1945, et ce, jusqu'en 1952. Le peintre donne ainsi à ses enfants, Janine, Renée, et Paul, la possibilité de grandir dans un environnement paisible, d’une grande beauté et près de la nature.

Les saisons rythment les activités de la famille. L’été, l’appel de la rivière est grand. Durant les vacances, les tours de chaloupe permettent à Borduas de tisser des liens avec ses enfants. Les randonnées en montagne sont le prétexte pour rendre visite au sage de la montagne, le peintre Ozias Leduc. La découverte de la grotte des Fées et des autres légendes qui circulent autour du mont Saint-Hilaire donnent du piquant aux promenades familiales.

Après son départ pour New York en 1953, Borduas écrit à sa fille Janine : « La glace est prise.
C'est la blanche immobilité pour jusqu'au printemps.
Dans peu de jours une ou deux bordées de neige – et ce sera le temps où, divinement quatre, nous allions glisser dans la montagne …
Excuse-moi de rappeler ce «présent» un peu loin pour toi, peut-être. C'est ma façon de m'acquitter de quelques-uns de mes plus beaux jours. »

Les activités à la montagne ou sur la rivière demeurent pour Borduas le souvenir et l’essence même de sa vie de famille au gré des saisons.

En 1942, dans un texte tiré de [Au printemps dernier], variante et texte préparatoire de l’article « Manières de goûter une œuvre d’art » publié en janvier 1943 dans Amérique française et tiré d’une conférence donnée le 10 novembre 1942 devant la Société d’étude et de conférences, Borduas écrit :« Un été magnifique s’ouvrait dans mon avenir immédiat. J’aurais tout le temps de me préparer, c’est ce que je crus faire en partant à la conquête du beau de la nature. La campagne m’attendait, et ses milles leçons incomparables. Allégé des fardeaux citadins, je me laissai pénétrer de lumière … Cuisant lentement sous les radieux soleils d’été, j’espérais être à point pour novembre. Dans mon ravissement, je confondis tout, jusqu’à préférer cette lumière-là aux lumières intellectuelles de partout. Les champs, les bois, la rivière, la montagne, aux peintures, aux livres, à la musique de tout le monde. De dépravation en dépravation, je me laissai aller si loin que je préférai même la contemplation de la beauté objective de toute chose à la beauté abstraite, à la beauté idéale. »

Image d'entête : Une vue imprenable de la montagne. (SHBMS, collection Gustave Roy)

Paul-Émile Borduas, Matin de printemps. Rue de Montréal un matin de printemps.
Paul-Émile Borduas, Matin de printemps, 1937, huile sur toile.  Collection particulière. Photo MBAM, Christine Guest et Brian Merrett.
© Succession Paul-Émile Borduas /
SODRAC (2013)
« Leduc est le fruit mûr de ces trois siècles d'isolement en cette terre d'Amérique : fruit qui a mûri, on ne sait trop comment, au pied de sa montagne».

«Le pays est magnifique ce matin. Pour goûter pleinement le paysage de la vallée du Richelieu il faut y venir à la fin du printemps, non au milieu de l'été».

« Fait encore beau et chaud comme à la fin mai chez nous ».