Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire
Musée virtuel du Canada

Première ébauche

Portrait de groupe dans l’atelier de Fernand Leduc dans lequel on voit quelques uns des Automatistes.

Artiste : Maurice Perron
Titre : Portrait de groupe dans l’atelier de Fernand Leduc, 1946,
tirage 1998 (de agauche à droite : Marcel Barbeau, Madeleine Arbour,
Pierre Gauvreau, Fernand Leduc, [ ?], Claude Gauvreau
Techniques d’expression : Épreuve à la gélatine argentique
Dimensions : 19,5 x 34 cm
Collection : Musée national des beaux-arts du Québec
No d’accession : 1999.208
Mention : Don de la famille Perron

Dès l’automne 1947, les premières ébauches du texte de Refus global se profilent. Jean-Paul Riopelle rentre d’un voyage à Paris, avec un exemplaire du pamphlet surréaliste Rupture inaugurale, qu’il a signé. Ce manifeste à saveur sociale et politique, en voulant se dissocier plus spécifiquement du parti communiste, s’inscrit dans la ligne de pensée du groupe des Automatistes et renforce la volonté qu’ils ont de produire et publier un manifeste incendiaire à saveur québécoise. Les discussions entre Borduas et les membres du groupe vont bon train. Les caractéristiques et les enjeux se développent et se précisent. Alité durant la période des fêtes 1947-1948, Borduas a tout le loisir d’y réfléchir. Il rédige un premier jet du manifeste. Maurice Perron habite à Otterburn Park avec les Riopelle durant cet hiver. Les rencontres sont fréquentes entre les jeunes et Borduas. Ils lisent le document et participent activement au développement de l’argumentation du manifeste Refus global.

Une correspondance entre Borduas et Fernand Leduc, alors à Paris, indique qu’un premier jet de Refus global circule parmi les jeunes Automatistes dès le mois de janvier 1948. L’intention première était d’insérer le texte dans un catalogue d’exposition qui devait aussi contenir d’autres textes, des reproductions de dessins et de peintures ainsi que des photographies. Pourtant, dès la fin janvier, le choix d’une publication autonome est fixé et le lancement du manifeste n’accompagnera finalement pas une exposition. La parution du manifeste Prisme d’yeux, rédigé par Jacques de Tonnancour et publié par Pellan le 4 février 1948, juste avant Refus global, est perçue par les membres du groupe automatiste comme une tentative de leur couper l’herbe sous les pieds. De ce fait, tout au long de l’hiver et du printemps 1948, plusieurs états du texte Refus global se succèdent jusqu’à l’impression de la version finale, éditée chez Mythra-Mythe Éditeur en 400 exemplaires et lancée le 9 août à la Librairie Tranquille.

Pendant cette période où le manuscrit prend forme, Borduas enclenche une série de ruptures personnelles et professionnelles. Les premières manifestations de ces bouleversements se font en lien avec des gens que Borduas considérait comme ses amis. La rupture initiale qui apparaît dans sa correspondance se produit avec John Lyman et la Contemporary Arts Society. Les suivantes se succéderont à un rythme de plus en plus rapide et rapproché. En février 1948, il rompt tout contact avec Maurice Gagnon et décide de couper les ponts avec la Revue des Arts Graphiques. Avec la parution du manifeste, la dernière rupture s’adresse à un public et un lectorat élargi. Elle marque une séparation définitive avec la société québécoise et ceux qui ne peuvent le suivre sur la voie tracée par les Automatistes.

Image d'entête : Le thème de cinq notes utilisé dans BIEN-ÊTRE, page 13 de Refus global (détail inversé).

CHRONOLOGIE DE LA RÉDACTION

• Novembre-décembre 1947 :
Riopelle revient de Paris.
Nombreuses discussions à l'occasion des expositions de novembre et décembre.
Projet d'une exposition de groupe accompagnée d'un manifeste collectif.
La Transformation continuelle soumise par Borduas au groupe et refusée.

• 22 novembre 1947-3 janvier 1948 :
Débat sur l'art, dans Combat, entre Gilles Hénault et Pierre Gélinas.

• 6 et 13 décembre 1947 :
Article de Claude Gauvreau où l'automatisme est défini sans référence
au « surrationnel » (« L'automatisme ne vient pas de chez Hadès », Notre Temps, 6 décembre 1947, p. 3 et 13 décembre, p. 6).

• Période des Fêtes, 1947-1948 :
Vacances et maladie de Borduas à Saint-Hilaire ; il est alité. Début de la rédaction du manifeste.

• Janvier 1948 :
Deux lettres de Borduas à Fernand Leduc témoignent du progrès de la rédaction.
Fin janvier, la version I est complétée ; la décision d'une publication autonome est arrêtée.

• Début février 1948 :
Préparation de la première dactylographie du texte (versions II et III).
Réception par Lyman d'une copie du manifeste.
Ruptures de Borduas avec Lyman et la Contemporary Arts Society.

• 17 février 1948 :
Article de Pierre Gauvreau où l'automatisme est défini en référence au surrationnel (« Arbre généalogique de l'automatisme contemporain », le Quartier latin, 17 février 1948, p. 3).

• Seconde moitié de février 1948 :
Seconde dactylographie du manifeste par Borduas.
Réception d'une copie (version IV) par Fernand Leduc à Paris (début de mars).

• Printemps 1948 :
Retouches partielles apportées à cette deuxième dactylographie (versions V et VI).
Préparation de l'édition (versions VII et VIII) par le groupe.

• 9 août 1948 :
Lancement de Refus global à la Librairie Tranquille.