Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire
Musée virtuel du Canada

Un lieu de rencontre

Pique-nique à Saint-Hilaire. Photo illustrant quelques membres des Automatistes prenant un repas à la campagne en été.

Artiste : Maurice Perron
Titre : Pique-nique à Saint-Hilaire, 1947
Techniques d’expression : Épreuve à la gélatine argentique
Dimensions : 9,4 x 9,3 cm
Collection : Musée national des beaux-arts du Québec
No d’accession : 1999.150
Mention : Don de la famille Perron
La porte de la maison de Borduas est toujours ouverte aux amis et aux élèves. Les jeunes artistes qui fréquentent Borduas se rendent régulièrement à Saint-Hilaire pour le visiter. Pendant l’été, certains d’entre eux louent même des chalets à proximité, ce qui leur permet de le côtoyer ainsi que de rencontrer les autres membres du groupe, de manière régulière et assidue. À l’occasion, Borduas leur offre aussi le gîte : Fernand Leduc habite chez lui en août 1942, Jean-Paul Riopelle à l’hiver 1944-1945 et Maurice Perron au printemps 1948.

La maison devient avec le temps le lieu de rencontre des artistes du mouvement automatiste. On peut penser que certains se retrouvent pour discuter et pour travailler dans l’atelier de Borduas qui occupe le sous-sol de la résidence. Cet atelier, éclairé par quelques petites fenêtres est équipé d’un petit poêle à bois. Deux grandes portes permettent la circulation d’œuvres plus volumineuses. L’installation demeure rudimentaire. Les jeunes artistes se retrouvent donc dans ce lieu auprès de Borduas pour discuter. La pensée du groupe automatiste et les prémices du manifeste Refus global prennent forme lors de ces rencontres.

Exposition des oeuvres d'enfants où on voit un coin de la salle de séjour aux murs couverts de dessins.

Exposition des oeuvres d'enfants à la maison Borduas, 1950.
Après la parution du manifeste Refus global, « l’atelier » devient beaucoup moins fréquenté par les jeunes artistes. Borduas y reçoit tout de même quelques clients, amis ou connaissances du milieu artistique. Il y organise aussi plusieurs expositions entre 1949 et 1952. La grande salle commune se transforme lors de ces événements en centre artistique et en galerie d’art. Dans un premier temps, il présente les dessins de ses enfants et de leurs amis qui viennent peindre en leur compagnie. Ces expositions spontanées sont empreintes de fraîcheur. À ces occasions, les dessins des enfants couvrent les murs du rez-de-chaussée. Par la suite, Borduas organise quelques expositions de ses propres œuvres, dont une qui se tient en novembre 1950. Celle-ci obtient un tel succès que, sur plus d’une quarantaine d’œuvres, une seule n’est pas vendue. Il répète l’expérience en 1951 et 1952 ; la maison devient à nouveau une galerie d’art, un lieu de rencontre et de diffusion.

Image d'entête : Exposition des oeuvres d'enfants à la maison Borduas (détail), 1950.

Un passage de Projections libérantes :
« Les enfants que je ne quitte plus de vue m'ouvrent toute large la porte du surréalisme, de l'écriture automatique. La plus parfaite condition de l'acte de peindre m'était enfin dévoilée. J'avais fait l'accord avec mon premier sentiment de l'art que j'exprimais alors à peu près comme ceci : «l'art source intarissable qui coule sans entrave de l'homme». La confusion de cette définition d'enfant que je rappelle quand même pour son opposition à toute idée d'entrave associée au travail créateur, exprime sentimentalement le besoin d'une extériorisation abondante. Dans le noble espoir de faire de moi comme de tout autre un esclave, avec la permission de ma confiance, on avait sabordé ça. Après un long naufrage, ce besoin primordial remontait à la surface. Mon comportement en fut modifié : il permit un nouveau contact plein de foi en la société d'hommes et de femmes à demi libérés. Société dont je n'avais même pas soupçonné l'existence à Montréal. »


Lettre d'invitation au vernissage de l'exposition des oeuvres d'enfants à l’atelier de Borduas en 1950.»
Lettre d'invitation au vernissage de l'exposition des oeuvres d'enfants, 1950

« Les 18, 19 et 20 novembre [1950], une petite exposition d’aquarelles aura lieu à mon atelier. C’est un plaisir de vous en faire part et j’ose espérer qu’il vous sera possible d’y venir avec vos amis. »

Dans une lettre du 12 décembre 1950, Borduas écrit :
« Vous avez sans doute reçu, il y a près d’un mois, le bout de papier vous faisant part d’une exposition semblable ici même, dans la grande pièce que vous connaissez. Le résultat fut mirobolant ! Plus de trois cents personnes y sont venues et elles ne m’ont laissé qu’une des quarante aquarelles exposées ! »