Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire
Musée virtuel du Canada

Une architecture moderniste

La maison construite par Paul-Émile Borduas peut être considérée comme l’une des premières manifestations du modernisme au Canada en raison de ses qualités visuelles et formelles qui rappellent l’architecture européenne des années 1920-1940 : le mouvement De Stilj, le Bauhaus et Le Corbusier. Elle est le résultat d’une réflexion sur l’architecture moderne et sur le style international avec l’utilisation de la ligne droite et des volumes carrés, ainsi que de la couleur blanche utilisée pour l’extérieur. Borduas élabore une maison basée sur la fonctionnalité du lieu : les espaces intérieurs sont ouverts et éclairés par la lumière du jour et sont marqués par la couleur du bois naturel sur les planchers, les murs et les plafonds. Les formes simples et les lignes épurées font de cette maison un modèle exceptionnel d’architecture moderne qui reste encore aujourd’hui un témoin de cette période. Soulignons qu’à la même époque les architectes Marcel Parizeau, collègue de Borduas à l’École du meuble, et Ernest Cormier, professeur à l’École polytechnique de Montréal, ont tous deux aussi participé à la diffusion des idéaux de l’art déco en architecture.


Vue panoramique de la salle de séjour
Durée : 53 secondes
Téléchargez le fichier vidéo (4 Mo)
Téléchargez le plugiciel QuickTime

Le docteur Alphonse Campeau et sa femme Fernande achètent la maison de Borduas en 1952, peu avant le départ de ce dernier pour New York. Pendant les quatre décennies qui suivent, ils entretiennent la propriété de façon exemplaire la considérant déjà comme un monument historique lié à la mémoire de Borduas. Ainsi, la maison est restée à l’intérieur comme à l’extérieur témoin du temps et de la pensée de l’artiste. Par contre, certaines modifications essentielles à la sauvegarde matérielle de la propriété sont effectuées avec le temps. Par exemple, la présence d’un ruisseau souterrain qui affecte les fondations oblige à déplacer la maison de quelques mètres. De nouvelles fondations sont alors coulées faisant par la même occasion disparaître l’atelier de Borduas. Des photographies datées des années 1940 montrent l’état d’origine de la maison et permettent de bien comprendre de quelle façon les modifications ont marqué l’ensemble architectural.

En 1998, les propriétaires décident de vendre la maison, acquise il y a plus de 46 ans auprès de Paul-Émile Borduas. Le 14 avril 2000, grâce aux actions du président fondateur du Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire, la propriété est classée bien culturel par le ministère de la Culture et des Communications du Québec. Par la suite, une fondation est mise sur pied pour acquérir la résidence afin de la rendre accessible au public et d’en faire un centre d’interprétation du mouvement automatiste et du Refus global. En 2001, la maison est acquise par la Fondation de la Maison Paul-Émile Borduas en 2001 et donnée au Musée en 2008 pour qu’il en assure la sauvegarde.

Image d'entête : Coin nord-ouest de la maison de Paul-Émile Borduas.

En 1940, Borduas emprunte 1400$ à son beau-père [ c. 3 avril 1941], somme qu’il rembourse complètement le 17 novembre 1944. On peut présumer que cette somme a permis à Borduas de réaliser son projet : « J'ai eu l'occasion à Saint-Hilaire, d'emprunter le montant total de ce que je devais sur la maison au taux de 4 1/2 % l'an. Ce qui fait une réduction considérable d'intérêts.
Je vous retourne donc $ 1500.00 qui vous remet le capital et à peu près tous les intérêts dus.
Merci encore une fois pour votre aide généreuse et patiente. Elle fut très utile et agréable à ma petite famille. »


À l’occasion du Nouvel an de 1944 et en réponse à une carte que Janine a confectionnée et lui a fait parvenir, Ozias Leduc souligne l’aspect avant-gardiste de l’architecture de la maison des Borduas. « Une bonne et heureuse année au père et à la maman des chers petits. À Jeannine, un merci spécial, pour sa carte ; sans doute, expression d’un pied à terre quelques parts, on viendrait sans obstacles [sous] ce beau palmier des fêtes ou du Paradis, avec tout auprès cette maisonnette que signerait un Le Corbusier. »