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10e Biennale du dessin. Bande dessinée

  • Date de début
    19 Avr 2025
  • Date de fin
    15 Juin 2025
  • Lieu
    Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire

La 10e édition de la Biennale du dessin du Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire marque un jalon en se consacrant à l’univers fascinant de la bande dessinée. En préouverture des célébrations du 30e anniversaire de l’institution, l’exposition bisannuelle se consacre à un territoire qui gagne l’intérêt du public muséal : la bande dessinée québécoise ou BDQ, pour les intimes!

On associe souvent la bande dessinée au domaine de la littérature. Sans vouloir s’en éloigner, car ces histoires, fictives ou véridiques méritent d’être racontées, la particularité de la bande dessinée repose sur le potentiel narratif du dessin qui raconte autant que les mots. Il convient en ce sens de rendre hommage au travail pictural de ses dessinateurs émérites. Le MBAMSH est heureux de mettre en valeur l’étendue du talent et la qualité technique des propositions de ces douze bédéistes appréciés du public. Vous trouverez une diversité de styles, thèmes et techniques d’échafaudage, parmi les propositions originales des bédéistes sélectionné.es. Les artistes ont accepté de présenter quelques étapes de leur démarche respective et des extraits importants de leurs publications.

Chacune et chacun des artistes travaille différemment, ce qui est particulièrement intéressant de cette exposition. Pour certain.e.s les outils numériques sont priorisés aux méthodes traditionnelles de dessin et de coloration à la main. Tous et chacun ont en commun leur grand talent et ce qui les caractérisent individuellement, ce sont leurs intérêts pour des sujets divers.

Deux publications abordent des thèmes environnementaux comme dans Quand les élèves se révoltaient : Manuel d’histoire d’avant l’Effondrement (2025). Cette bande dessinée documentaire futuriste par Emanuelle Dufour, anthropologue et artiste, nous projette dans un cours d’histoire en 2048, dans lequel on présente, au dernier chapitre du Manuel d’histoire d’avant l’Effondrement, des données et images de manifestations étudiantes pour l’environnement ayant précédées ‘’l’Effondrement’’ de 2035. Francis Dupuis-Déri, chercheur des mouvements sociaux et politistes à l’UQÀM, en a coécrit les textes.

On réfléchit aux rapports avec notre environnement dans L’Ouvrage (2023) du trio père-fils : Dominique, Félix et Loïc Trudeau. Récit de fiction avec Anthéa, cosmonaute et botaniste naviguant à travers le cosmos à la rencontre de sa faune particulière pour soigner les plantes de l’Univers. Petits et grands apprécieront les textes de Félix, les œuvres numériques de Loïc et les magnifiques dessins de Dominique Trudeau qui laissent une impression de fraîcheur durable!

Tout aussi magnifique, l’aventureuse, l’autrice et artiste Caroline Lavergne, nous dévoile les dessous de la production cinématographique Nouveau-Québec, de la réalisatrice Sarah Fortin, dans Le film de Sarah (2022), dont l’histoire se déroule à Shefferville, située à la limite du Labrador. Lavergne narre son quotidien en territoire Innu/Naskapi et les péripéties de l’équipe de tournage avec humour et sensibilité, munie de ses (nombreux) carnets de dessin.

Mireille St-Pierre aborde avec délicatesse les zones d’ombre de l’expérience humaine. Elle nous donne des frissons dans Suivra le néant (2024), une histoire inquiétante qui prend place dans le vieux manoir de style Second empire typique de la région du Bas-St-Laurent, autrefois l’Hôtel Blanc Roc, que Lucie veut réouvrir, entrainant sa fille Estelle dans cette demeure hantée par les spectres de sa famille. Ce suspense bichromatique en jaune et bleu est le fruit d’une recherche visuelle de déconstruction, un scénario minimaliste qui nous garde en haleine jusqu’à la fin. L’habile stratégie graphique de l’artiste démontre (encore) qu’un dessin vaut mille mots et mille émotions!

Dans l’espace consacré à Maco, on s’immisce dans l’univers d’Élzéar, le déjeuner (2021). Généreux, Marc-Étienne Paquin montre les différentes étapes de la création d’une planche (page). Inspiré par les classiques de la BD tels qu’Astérix ou Lucky Luke, son travail de bédéiste utilise une approche humoristique pour rejoindre le plus grand nombre. Ses dessins de personnages reprennent les techniques des bédéistes européens (franco-belge), un style qu’il affectionne et qu’il partage pour la première fois, et on attend une suite aux aventure d’Élzéar, un bougonneux comme on les aime!

Parmi le matériel inédit présenté en salle seulement, la Cécile de Béatrice Favereau, (à paraître cet automne 2025), est la première BD originale de l’illustratrice, inspirée des Liaisons dangereuses, le classique français, qui pratique le dessin numérique depuis les balbutiements de ces outils technologiques, bien que son style graphique soit inspiré des bandes dessinées françaises des années 1970. Après des études en dessin, en gravure et en histoire de l’art à la Sorbonne et à l’École Nationale des beaux-arts de Paris, elle s’est établie au Québec depuis une quarantaine d’années. Un dessin envoûtant, un dialogue sensuel, intemporel.

Tout aussi inédit, Les Voisins (2022) est le projet de Rosalie Bouchard, bachelière diplômée en Design graphique de l’Université Laval. Ce projet BD, elle l’a présenté au concours interuniversitaire de bande dessinée de l’Université de Rimouski et a remporté la 2e place. Il est à prévoir que l’anecdote pandémique racontée en quelques planches dans Les Voisins, ne sera pas le seul opus de la jeune artiste et nous espérons qu’elle redonnera dans la bande dessinée…bientôt!

Un autre récit anecdotique, celui du couple formé par Mathilde Houisse et Violette Bertrand, nous invite à vivre des moments marquants de leur périple sur les chantiers participatifs d’écoconstruction auxquels elles ont participé pendant dix-huit mois en France. Illustratrice, c’est Mathilde, qui a dessiné cette BD éditée entièrement par les deux autrices. Violette, une passionnée d’environnement, a pris des notes de leur parcours. Ensemble, les amoureuses souhaitent que Le Projet Mallette (2024) influence positivement, pour mieux faire connaître les techniques de construction écologique, en humour et en dessin!

Le récit personnel de non-maternité de Catherine Gauthier dans Je pense que j’en aurai pas (2023) nous touche en plein cœur. Le sujet délicat mérite qu’on s’y attarde, car de nombreuses femmes vivent cette réalité dont on parle avec de plus en plus d’ouverture, heureusement. D’un trait de crayon tout aussi délicat par son hyperréalisme en nuances, Catherine Gauthier nous livre un récit intime entrecoupé de témoignages de femmes qui, comme elle, ne sont pas mères. Par choix ou par circonstance, c’est une fierté retrouvée, une douleur à atténuer, une conviction à brandir, un regret persistant ou une quête d’équilibre; toutes raisons légitimes qui impose l’usage d’une esthétique d’une grande beauté, empreint de douceur (maternelle) et d’apaisement.

Jimmy Beaulieu est un artiste entrepreneur autodidacte qui œuvre depuis la fin des années 1990 dans le domaine de la bande dessinée. Son parcours ratisse le large spectre de la BD, de libraire en maisons d’éditions. Illustrateur, bédéiste, enseignant, éditeur, chroniqueur, auteur et peintre muraliste, il est tombé dans la potion! À ce jour, on dénombre près de soixante publications auxquelles il a contribué, en plus de ses travaux d’édition, notamment en fondant les collections Mécanique générale et Colosse et des ateliers de création qu’il donne au Cégep du Vieux-Montréal et au Collège Rosemont depuis des années. Il nous présente des dessins préliminaires de Rôles de composition (2016) à qui nous souhaitons une abondante continuation!

Une bibliographie des ouvrages présentés dans ce catalogue, qui ont fait l’objet de l’exposition est disponible en page 48 du catalogue d’exposition disponible en salle pour consultation sur place et en vente à la boutique-librairie. Nous désirons saluer le travail des éditeurs québécois qui nous permettent d’apprécier de ces bédéistes de grand talent. En espérant que ce catalogue d’exposition saura inspirer vos prochaines lectures et rejoindre chacune, chacun d’entre vous.

Geneviève Létourneau

Directrice générale