Sur la route
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Date de début4 Mai 2024
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Date de fin16 Juin 2024
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LieuParc des Patriotes, Beloeil
Luc Roy conçoit la photographie comme un geste défini par le temps : le temps qui passe, le temps qu’il nous reste. Ce qui l’attire dans cette pratique, comme en toutes choses, c’est le fait d’explorer les sentiers peu fréquentés. Son travail est expérimental. Il prend trois photographies, une à la suite de l’autre en surimpression, et laisse le boîtier numérique les assembler. Ainsi, il travaille à l’aveugle. Le résultat est parfois intéressant, souvent décevant. Il faut alors recommencer maintes fois pour en extirper des compositions qui évoquent des souvenirs emmêlés.
La série d’images présentée se veut une réflexion sur la maladie d’Alzheimer qui a pour symptôme de déformer les souvenirs, de les rendre confus. Luc Roy sature délibérément la mémoire de son appareil photographique pour créer une confusion numérique. En ajoutant de plus en plus de lumière, il efface progressivement certains éléments, comme s’ils faisaient partie d’un passé qui s’efface peu à peu. La superposition des images délavées agit sur l’image, pareillement au temps qui file.
La grande majorité de ces photographies ont été réalisées sur la route. De cette façon, le photographe ne peut choisir les sujets à l’avance. Il prend ce qui se présente, quitte à manquer de belles occasions. Ce procédé l’oblige à abandonner, à oublier ce qui est derrière, voire, à se résigner. Les paysages défilent, puis disparaissent. Une scène apparaît à l’horizon, un éclair se produit dans sa tête et réagit rapidement afin de capter le moment, avant que le temps n’efface ce souvenir à jamais.
La voie la plus simple serait de choisir trois photographies et de les assembler avec un logiciel de traitement d’images. Luc Roy préfère toutefois être confronté à la difficulté de travailler à l’aveugle, de ne pas contrôler l’intégralité du processus. C’est ce qui permet de le mettre dans un état d’esprit propice à alimenter sa réflexion sur la maladie d’Alzheimer.